mercredi 5 avril 2017

Entretien avec Marie-Laure Léon, coach et médiatrice personnelle

Entretien avec Marie-Laure Léon, coach et médiatrice personnelle

Depuis quelque mois, j’ai ouvert un espace de coaching et de thérapie, à Toul. Exceptionnellement en cas de handicap, je me déplace à domicile. J’interviens aussi en entreprise, pour des groupes. Je lance également cette année un groupe de femmes et un autre de préparation à la retraite. J’ai également commencé à transmettre, après 30 ans de pratique, une approche de la méditation de pleine attention (ou pleine conscience).

Je m’adresse à des managers ou cadres d’entreprises et à toute personne portant un projet personnel ou professionnel, ou juste une curiosité délibérée pour lui-même et la recherche d’un sens plus profond à son existence. J’accompagne aussi les situations de crise
, burn-out ou bore-out, les changements, les pannes de créativité, les difficultés récurrentes, les décisions difficiles, les orientations insatisfaisantes, les « hauts potentiels » et leur complexité, etc.

Je m’intéresse beaucoup aujourd’hui à l’émergence de ce qu’on nomme entreprises libérées, ou organisations Opale, qui sont fondées sur l’autogouvernance (à laquelle je me forme), la confiance (à laquelle je m’emploie !) et des objectifs de satisfaction des clients et de plénitude des salariés. Et en plus, économiquement, ça marche !

Dans ma posture de coach « Opale », je me permets donc de proposer à mes clients de creuser l’incertitude initiale inhérente à ces mêmes questionnements pour créer pas à pas un nouveau modèle, organique et poétique autant qu’efficace !

Vous employez le terme de médiation singulière ou personnelle, vous pouvez nous expliquer ?

C’est un terme plus précis pour l’activité de coaching, devenu un peu trop fourre-tout et finalement peu compréhensible. La médiation singulière, a été élaborée par Dominique Lecoq du Conservatoire National des Arts et Métiers, où je me suis formée. Cette méthode m’a tout de suite convenu dans la mesure où elle laisse toute sa place à la personne dans sa singularité, son originalité, ses propres modes de compréhension et de fonctionnement.

Pour ma part, je préfère employer le terme de médiatrice personnelle, plus parlant ! J’aime me voir comme une révélatrice, car c’est ce que je suis, pour le meilleur et pour le pire (rire) !. Je réussis à admettre (j’ai 61 ans) que j’ai une capacité à repérer et révéler les potentiels des personnes et des organisations, à mettre en lien, à me brancher sur ce qui se dit et surtout ne se dit pas, se joue ou pas... Ce qui fait que j’ai une intuition de ce qui se passe propre à aider mes clients à dénouer leurs propres crises, à répondre à leurs propres interrogations, à entendre leur voix singulière… C’est le fruit de 50 ans d’investigations personnelles, de formations et de défis, d’opiniâtreté et peut-être d’un tout petit talent.

Pour mieux comprendre, pouvez-vous expliquer quelles sont vos méthodes ?

Je n’applique pas de méthode systématiquement car je préfère répondre à chaque personne en fonction de sa demande particulière. Je laisse ainsi complètement la place à ce qui va se dire, ou se faire, grâce à une écoute et une acceptation inconditionnelle. Ce savoir être est « l’outil » le plus performant et le plus créatif qui soit !!! Il s’agit d’offrir à la personne un espace où elle recevra une pleine attention, une écoute assidue. C’est la mise en pratique de cette précieuse intelligence du cœur qui vont lui permettre à son tour de s’appuyer de plus en plus sur elle-même. Et en s’appuyant sur sa propre compréhension, en prenant l’habitude de s’écouter et de se faire confiance, elle retrouve la direction et l’autonomie de ses choix, la pleine possession de ses moyens, en relation avec la réalité.
Nous souffrons pour la plupart d’un manque de soutien véritable, d’un étai qui nous permettra de reprendre notre souffle et récupérer notre force intérieure et notre créativité, mises à mal par les difficultés et le manque de recul. Nous sommes soumis et entrainés à la performance et à la compétitivité, et cela nous isole ! Si nous prenons le temps de nous retourner sur nous-mêmes, nous constatons que nous pouvons au contraire nous appuyer sur nos différences, ainsi que sur celles des personnes de notre entourage qui deviennent alors des complémentarités et non plus des obstacles. Et ce n’est pas une injonction supplémentaire à être « bon », à être « adéquat » mais à vivre heureux et en harmonie, tel qu’on est !

Vous dîtes qu’étant bons nous ne pouvons pas être heureux ?

Bien au contraire, mais si être bons consiste à nous diviser, ce n’est plus de la bonté, ou en tout cas, c’est une bonté qui porte en elle-même son contraire, la méchanceté ! Il n’y a de bonté que si c’est la totalité qui est vue avec bienveillance. Comme un parent aimant qui aura de l’amour pour son fils, même si celui-ci manifeste de la colère ou de la jalousie et qui l’aidera à grandir dans le respect et la sympathie, ce qui n’exclut pas les limites nécessaires. La manière dont nous nous sommes construits étant enfants vient de ce que nos parents, nos enseignants, nous ont permis ou non d’être nous-mêmes, dans nos ressentis, et la manière dont ils nous ont aidés à intégrer, accueillir ces ressentis violents. Et ceci conditionnera en grande partie nos existences, nos choix professionnels et amoureux jusqu’à parfois nous enfermer dans un système qui nous étouffe. La question est : aujourd’hui qu’est-ce qui m’empêche de m’accomplir ?

Souvent, le premier constat que nous faisons lorsque nous commençons un travail de connaissance de soi (ou de développement personnel…) ou toute autre « médiation personnelle », est que nous nous aimons si peu que nous sommes incapables de nous accueillir tels que nous sommes.
C’est la première source de stress car nous cherchons à changer, à nous améliorer sur la base d’un rejet des parts de nous-mêmes que nous jugeons inadéquates, mauvaises, honteuses… Nous finissons par nous diviser, un aspect luttant contre un autre, quand ce n’est pas une part tyrannique de nous-même qui a pris le devant de la scène au dépend de nos autres besoins.

Ce n’est qu’en re-connaissant et en réconciliant toutes ces parts, en face d’une personne qui nous accueille tout entier tel que nous sommes, que nous retrouverons le mouvement naturel de notre existence. Et enfin commencerons à oser être, sentir, vivre et non plus subir. Nous cesserons de prendre des décisions que nous ne tenons jamais car nous n’étions pas unifiés pour la prendre… Regardez, vérifiez !

Dans la pratique, comment ça se passe ?

En individuel, je reçois à mon bureau, rue Gabriel Mouilleron à Toul. Dans un premier entretien où la personne expose sa demande, nous convenons d’une méthode et d’un cadre de travail. Nous nous entendons également sur le prix des consultations. L’argent étant un thème fondamental dans notre relation avec nous-même et notre indépendance, cela est souvent un bon motif pour le coaching.

Sur quoi je m’appuie ?

8 ans d’analyse jungienne et un cycle de formation-action de 6 ans avec Lily Jattiot (auteur de La dynamique du soi et formatrice méthode Chamming’s de management interactif)"
Formation certifiante à la médiation singulière (CNAM de Paris) avec Dominique Lecoq
3 ans de travail de clown, formation à l’improvisation théâtrale, masque, etc
Formation DEFA. Spécialisation Pédagogie et Relations humaines
30 ans de recherche en tant qu’élève d’Arnaud Desjardins (auteur de L’audace de vivre, La voie du cœur, etc…)
Plusieurs années de travail « archéologique » sur les émotions (lyings avec Olivier Humbert et un an "d’approfondissement" avec Christophe Massin, auteur de Le bébé et l’amour, Réussir sans se détruire, etc)
25 ans d'expérience comme directrice d’équipements et de projets socio-culturels, médico-sociaux, chef de cuisine (une aparté), chargée de projets…
Et plus encore de recherche personnelle "autodidacte" !

mardi 28 mars 2017

le coaching, qu'est-ce que c'est ?



Le coaching, qu’est-ce que c’est ?

Eh, bien, mieux que de grandes théories, voici ce que vous en dîtes :

Depuis 20 ans je cherchais le lien entre mon chemin spirituel et mon métier de comédienne. Aujourd’hui, avec ce travail, j’ai l’impression de le toucher pour la première fois. C’est très bouleversant et cela me donne une nouvelle énergie !
Céline, 38 ans, comédienne

Je piétinais dans ma recherche car j’avais l’impression d’être enfermée dans des schémas et des émotions qui ne me correspondaient plus. Je sens aujourd’hui que de nouvelles opportunités sont à ma portée et que je suis capable de les aborder avec enthousiasme et réalisme.
Nadine, 51 ans, infirmière

J’étais bloquée, je ne voyais aucune issue et je ne supportais plus les conseils des uns et des autres. C’est la première fois que je me sens écoutée dans mon intégrité, c'est-à-dire avec mes contradictions et difficultés, mais aussi avec tous ces désirs qui se succèdent et se mélangent. J’ai le choix, il y a enfin quelqu’un qui dirige le bateau.
Barbara, 28 ans, chercheuse d’emploi

Je sens qu’aujourd’hui j’ai confiance en moi. Je peux m’appuyer sur ma créativité et défendre mes points de vue sans avoir peur de déplaire. Ce que je prenais pour des défauts sont en fait des atouts que je m’obstinais à ne pas reconnaître !
Alain, 46 ans, chef de projet

En fait au départ, j’attendais une recette miracle qui me ferait sortir de mes problèmes et ce qui s’est passé est plus simple et plus réel, plus intéressant aussi : si je ne cherche pas à fuir les situations et que je les regarde en face, comme dans cette relation avec ma mère, toute mon intelligence est à ma disposition pour aller de l’avant et alléger l’atmosphère, et moi aussi de surcroît !
Martine, 63 ans, retraitée

Vous avez le don pour écouter et entendre sans déformer ni m’emmener où je n’ai pas choisi d’aller. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs et personne ne peut savoir mieux que moi et prendre mes décisions à ma place ! Quelle aventure !
Michel, 56 ans, ébéniste

Je me suis toujours efforcé d’être un bon manager, conciliant, déléguant, donnant la parole à toute mon équipe, à mes partenaires. Ce que je vois désormais c’est que je dois m’inclure dans le processus et m’octroyer des espaces de parole. C’est ce qui manquait à mon équilibre, mais aussi à mes performances.
Pierre, 49 ans, chef d’entreprise

Au début de nos rencontres, je me disais : mais pourquoi la paies-tu si c’est toi qui fait le boulot ? Mais finalement, tout ça n’est pas cher si je regarde le chemin parcouru ! C’est un sacré job d’être là uniquement pour que l’autre y soit aussi, comment dire, comme sujet. Ça a du poids !
Karl, 30 ans, musicien

Je vous assure qu’avoir lâché ce foutu désir de perfection : ouf ! Qu’est-ce qu’on s’abrutit à vouloir ressembler à un idéal qui n’est pas nous, moi… Je suis beaucoup plus efficace et surtout beaucoup plus crédible car je m’appuie sur mes propres ressources !
Niels, 28 ans, commercial

Jusqu’à ce que vous mettiez le doigt sur mes propres contradictions, j’ignorais que j’étais à ce point coupée de moi et tellement culpabilisée. Je dépassais sans arrêt mes limites. Avec cette patiente, madame Z, je me sentais tellement bouffée que c’en était insupportable.
Isabelle, 36 ans, gériatre

Dans ce conflit avec mon boss, je croyais que j’étais le seul à être humilié et sous-estimé, et alors quand j’ai vu que moi aussi, non seulement je le méprisais mais que je l’humiliais ouvertement, ça été un choc ! Il n’y avait aucune issue tant que chacun s’obstinait à nier l’autre. En fait on crevait de trouille ! Il faudra du temps mais on ne se met plus de bâtons dans les roues !
Yves, 45 ans, directeur marketing

Vous le savez, je n’étais pas chaude pour ces entretiens, au début ! J’avais peur que ça remonte, j’ai tellement appris à me méfier des indiscrétions dans cette boite ! J’étais déjà sur la sellette ! Je sais que rien ne sortira d’ici, de cet espace, comme vous dîtes, qui m’appartient ! ça m’aide à me recentrer sur mon désir de créer ma propre boite et d’oser le faire en respectant mes valeurs ! Et pour moi, c’est vital !
Marie-Louise, 34 ans, formatrice

J’ai repris la plume, ou plutôt le clavier, enfin ! Fini la sécheresse qui m’a fait entreprendre ce travail ! Je tournais à vide et je me renfermais. Cela semblait tellement plus confortable de se prendre pour un poète maudit que de regarder le vrai problème. Je me sabotais moi-même pour éviter l’incompréhension générale. Comment j’ai pu supporter ces angoisses, et surtout faire en sorte de les alimenter ? Si on me prend pour un fou, d’accord c’est pas top, mais ça ne signifie pas que je délire ! J’ai lu quelque chose sur la folle sagesse, ça me parle ! L’adulte véritable, le sage, le vieux avec un grand V, n’est pas un vieil enfant devenu rigide à force de formatage.
Ulrich, 41 ans, journaliste


samedi 4 mars 2017

De la sérénité





Swami Prajnanpad 
De la sérénité, entretiens avec Frédéric Leboyer

traduit par Colette et Daniel Roumanoff
Editions (excellentes !) Accarias - L'Originel 

swami Prajnanpad avec Arnaud Desjardins et un disciple indien


S. Si quelque chose doit partir, alors cela va partir, si quelque chose doit arriver, alors cela arrivera. Pourquoi vous en inquiéter ? Soyez vous-même, soyez libre. Pourquoi seriez-vous attaché à une chose ici et à une chose là ?

F. Mais, de même qu’il est difficile pour le serpent de sortir de sa vieille peau, sortir d’une situation existante, prendre position sur quelque chose de nouveau est difficile.
S. Très bien. Ainsi c’est la vérité et comment la pratiquer ? Comment la mettre en pratique ? Tout ce qui vient à vous est à vous. C’est la vérité. « Mais je suis à un endroit que je n'aime pas maintenant › ›. Vous avez dit : « je n’aime pas › ›. Débarrassez-vous-en.
F. Ensuite, voyez ce qui vient. Quelque chose doit venir. S. Et si vous ne pouvez pas le faire dans ces conditions, vous sentez : « Non, maintenant je ne peux pas le quitter › ›. Alors ?
F Il faut continuer.
S. Qu'est-ce que c’est ? Qui dit cela ?
F C’est encore à vous, si vous ne pouvez pas le rejeter.
S. Acceptez-le. Vivez-le complètement. Et voyez. Et soyez libre. C’est la théorie. C’est votre but et comment l’atteindre. Vivez-le ici et maintenant. Pas de doute à ce sujet. Jusqu’à quand ? Aussi longtemps que vous pouvez. Cest tout. Ainsi vous devez vous voir vous-même. Pour vous voir vous-même, vous devez agir. Et vous savez, pour agir : « je dois agir sans aucun doute. Mais si je suis libre, je suis un agent libre, un sujet libre et positif. Je ne suis pas libre, je le vois. ]’ai des habitudes, de l’inertie, je les accepte, je les accepte toutes. Laissez-moi les voir également. Laissez-moi me rendre libre d’elles aussi. › › Comment faire ? Allons, comment ? Divisez seulement votre temps d'une certaine façon. Vous gardez du temps absolument libre pour votre jeu émotionnel ou pour voir la nature de votre inertie. Là, il ne devrait y avoir aucune idée, quelle qu’elle soit, en ce qui concerne votre but. Rien de la sorte. Soyez avec ce qui est dans le passé. Cela va mûrir. Comment ? Nous allons vous demander ce que vous avez fait, en réalité, pendant votre psychanalyse. Nous aurons un entretien à ce sujet. Vous devez simplement vous allonger, vous détendre complètement. Une relaxation complète. Sentir que vous êtes vous-même ; seulement ici, il n’y a aucune autre considération, aucun sens social, rien de la sorte. Vous êtes vous-même, entièrement et complètement, ou plutôt vous êtes nu. Très bien, soyez ainsi. Détendez-vous physiquement et mentalement. Détendez-vous et laissez sortir n’importe quoi. Laissez sortir et permettez aux émotions de sortir, ou plutôt :« Comment puis-je faire ? Quelle attitude prendre pour les aider à sortir ? C'est à moi, tout est moi, quoique ce soit qui sortira c’est à moi, sans aucune considération de bien ou de mal. › ›
F je dois simplement voir.
S. Oui, voyez. Laissez-les sortir et vous verrez la nature de votre inertie émotionnelle. Et vous la connaîtrez. Vous le savez, si vous l'avez fait dans votre travail psychanalytique, vous n'avez pas besoin de connaître pour voir. Laissez sortir. Laissez seulement les émotions sortir, c'est le point fondamental. Les images viendront.
F. C’est difficile. Je dois relâcher quelque chose.
S. Pourquoi l’émotion ne vient-elle pas ?
F. Parce qu'elle a été refoulée.
S. Oui, oui.
F  Je sais.
S. Oui, comment faire partir ce refoulement ? S'il n’y a pas de refoulement, l'émotion va spontanément se développer.
F Le problème c'est de casser.
S. Comment casser ? Allons, comment casser ? Qui va casser ? Vous, n'est-ce pas ?
F En étant moi-même.
S. Vous y êtes. Gardant à l'esprit que chaque chose est à moi. Vous savez : tout est à moi. Il n'y a pas de censure ici, pas question de bien ou de mal, de vrai ou de faux.
F. Lors de mon analyse parfois pendant des temps et des temps, rien ne pouvait sortir, ni images, ni idées, ni mots, rien. C’était tellement fermé.
S. Cest pourquoi on vous demande : qu'avez-vous fait en réalité ? Parce que vous savez ce qui produit le blocage, la censure, le refoulement, qu’est-ce que c’est en réalité ? Ce n'est rien d'autre que le jugement de valeur.
F. Je sais, je sais.
S. Maintenant vous essayez de voir la vérité telle qu’elle est : c’est un travail intellectuel, avec cette idée que chaque chose est à sa place. Voyez-le intellectuellement. Laissez sortir toutes les émotions. Ensuite avec l’intellect, voyez et délibérez : « Qu'est-ce que c’est ? Le premier point est que chaque chose est à sa place : c’est une loi absolue. Pourquoi ? › › Soyez-en seulement convaincu. Chaque chose est à sa place.
F. Parce que les choses sont ce qu'elles sont.
S. Deux choses sont différentes. Ainsi, chaque chose est à sa place. Ainsi, je suis à ma place. En partant de la loi générale, faites-la pénétrer à l’intérieur : Chaque chose est à sa place. Donc il n’y a rien de bien ou de mal, il ne peut y avoir aucune comparaison, alors je suis aussi à ma place. Il n’y a pas de comparaison, il n’y a ni bien ni mal. Il n'y a pas de jugement de valeur. Appliquez ce processus. En voyant ceci, en voyant cela et en délibérant, toute l'idée va pénétrer de plus en plus en vous. Et cela vous aidera dans votre travail émotionnel. La crainte va céder du terrain...
F. Et l’émotion va sortir.
S. L’émotion va sortir. Ainsi ces deux actions doivent aller ensemble. Dans la journée, consacrez du temps à votre expression émotionnelle sans aucune activité mentale, aucun jugement, aucun raisonnement, rien de la sorte. Laissez sortir les émotions. Et le temps viendra où vous devrez faire des rapprochements et interpréter. Cest un point différent.

F. Oui. À un moment différent, bien entendu.
S. Oui, allons laissez sortir les émotions. Et l'obstacle, c'est la censure. Il y a une censure, une résistance : l’idée de peur, de juste et de faux. Toutes ces choses ne sont rien d’autre que le produit du jugement de valeur.
Et le jugement de valeur vient de l'habitude. Vous avez regardé quelque chose comme étant juste, quelque chose comme étant faux, à cause des conventions sociales. Maintenant vous devez vous libérer par votre travail intellectuel, ici : « Non, il n'y aucun sens dans les conventions. Les conventions sociales appartiennent à la sphère des activités sociales, pas à la vérité › ›. Je sais à quoi ressemble mon corps. Vous le savez, mais vous ne sortez pas nu à l'extérieur.
F.  Oui, vous devez conserver les attitudes sociales.
S. En fonction des circonstances, mais vous ne devez pas avoir honte d'être nu. Vous ne pouvez pas parce que « je sais que c'est moi-même ». Mais seulement pour cette convention sociale, je rn ‘habille comme cela. Cest tout... Cest tout. Cest pour la convention sociale seulement. Pourquoi devrais-je la garder en moi ? La prendre en moi, pourquoi le devrais-je ? Mais un petit enfant prend tout en lui.
F.  Oui, mais maintenant je dois devenir adulte, je dois être moi-même.
S. Comment faire ? Voir la vérité telle qu'elle est, mais non par la force : « Je vais casser. _., je vais casser... › › Vous ne casserez jamais.
F. Non, je sais, parce qu'aussi fort que j'ai essayé, je n`ai pas pu.
S. Cela se cassera de lui-même, si vous voyez la vérité. La vérité apportera la lumière à l’intérieur. Dès que la censure arrivera : « Pourquoi cette censure ? Non, non, non. Ceci n'est ni bien ni mal. » Laissez venir l’émotion. Ces deux processus doivent être accomplis simultanément ; Et avec eux, le troisième processus entre en action. Entrez dans la vie, entrez. Allez, entrez dans votre vie et voyez. Parce que l'action dépendra de ces deux choses. Ainsi, ici, dans l'ashram vous devez agir généralement, principalement, avec les deux premiers. Et l'action...
F. ...Oui, l'action aura lieu quand je reviendrai.
S. Ici, l'action n’est pas si importante. L’action est une action ordinaire. Vous l'avez trouvée à l'ashram, là aussi vous avez cette action.
F. Oui, mais c'est si simple.
S. l'action simple et réelle est là. Ici vous devez vous préparer, faire ces deux actions simultanément.
F À certains moments, laisser venir l’émotion.
S. Et à d`autres moments...
F. Ensuite essayer de les analyser.
S. Qu'est-ce que c'est, qu`est-ce que c`était ? Parce que les émotions sont de deux types : un normal, l'autre anormal. Ainsi vous devez être libre des émotions anormales d’abord et ensuite arriver à la normalité. Les émotions normales sont là. Alors seulement vous pouvez voir la vérité et éclairer les émotions. Ainsi les émotions anormales partiront. Arriver à l’émotion normale, c'est le premier travail. S’il y a quelque anormalité, une émotion anormale, comme par exemple, quand vous aviez peur la dernière fois d'un tigre, cette peur était anormale. Mais avoir peur d'un tigre, s’il vient ici, c`est normal.
F. Ainsi, les émotions anormales doivent partir. D’abord, je dois voir clairement ce désir de toujours me punir.
S. Oui, oui, très bien. Et ce désir signifie qu’il y a un sentiment de culpabilité. Alors, quelle est la nature de cette culpabilité ? Vous devez d`abord la découvrir. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je me sens coupable ? Ayez seulement cette idée, en arrière-plan. Allongez-vous simplement et pensez seulement : culpabilité...sentiment de culpabilité.
F Qu'est-ce que j`ai fait ?
S. Qu'est-ce que j'ai fait ? Voyons.
F Ou plutôt, qu`est-ce que je n'ai pas fait ?
S. Très bien. N'importe quoi. Qu’y a-t ’il-là qui provoque un sentiment de culpabilité ? Pourquoi ? Voyons. Pourquoi suis-je inférieur ? Voyons. Allons-y. Graduellement, faites un retour en arrière et en arrière. Et vous serez libre. Cest le processus. Et votre analyse intellectuelle vous aidera de manière importante. En premier lieu, voir la vérité comme elle est, en rejetant toute possibilité de jugement de valeur.
F. Oui, Voir les choses comme un savant.
S. Oui, comme un savant. Faites-le et dès que vous le faites et dès que vous êtes convaincu, continuez à être convaincu et convaincu et tout partira. Et tout sera vous-même. Ainsi chaque fois que n'importe quelle émotion surgit, le jugement de valeur vient avec, immédiatement : « Qu’est-ce que c'est ? Non, aucun jugement de valeur › ›. L’émotion partira. Ainsi la psychanalyse ne l’ait pas cela. Elle ne vous montre pas comment faire. lls diront : « Soyez libre, continuez, continuez. Laissez tout sortir, laissez tout sortir › ›.
F. Pourtant cela vous fait agir (en imagination bien sûr parce que ce n’est qu'un travail imaginaire) par rapport à la chose dont vous avez peur.
S. Oui, oui.
F. Cela vous force à dépasser ce qui vous fait peur.
S. Oui, oui.
F. Et j`ai trouvé que c’est la chose la plus importante dans l'analyse.
S. Oui, oui, exactement.
F. Cela vous force à être courageux et, d’une certaine façon, vous réparez ce que vous n`n’avez probablement pas été capable de faire. Dès que vous avez été capable de le faire en imagination, vous pouvez le transposer dans Faction.
S. Oui, oui, oui.
F. Et alors vous devenez libre.
S. Oui, maintenant, essayons d’avoir quelque notion de ce que vous avez fait, de ce que vous avez accompli dans ce travail psychanalytique.